
23 Mai Red wings : Le cunnilingus pendant les règles, croque-mitaine ou friandise ?
Illustré par ChiliConCacahuete.
Les règles, c’est rarement une partie de plaisir. Entre les hormones qui étincellent et les douleurs qui nous collent au lit, il y a peu de choses qui parviennent à nous relaxer. Pour certain·e·s, c’est se coller au lit et lire. Pour certain·e·s, c’est une bouillote et un bon film. Pour certain·e·s, c’est jouir. Et puisque pour beaucoup de raisons, la pénétration peut être douloureuse ou inconfortable pendant les menstruations, il faut savoir redoubler d’imagination. En demandant à des femmes et à des hommes ce qu’ils pensaient de faire un cunnilingus pendant les règles, j’ai remarqué que la réaction première était surtout la surprise : iels n’y avaient jamais pensé. Pourtant, la vulve ne se cache pas à l’intérieur du corps pendant les menstruations et, dépendant de la personne, un orgasme peut faire beaucoup, beaucoup de bien et alléger les douleurs menstruelles. Pourquoi, dans ce cas, une telle timidité face à un acte qui peut faire autant de bien ?
Il y a beaucoup de stigmas qui entourent les pratiques sexuelles pendant les règles. Naturellement, mettre sa bouche au plus près du sang jugé impur dans de si nombreuses cultures apparaît comme tout bonnement dégoûtant. Cependant, il est important de se souvenir que la cible du cunnilingus n’est pas le vagin, d’où provient le sang des règles, mais bien le clitoris, situé au dessus ! Votre bouche sera donc épargnée. Et quand bien même elle ne le serait pas, Elise Thiébaut fait remarquer dans son livre Ceci est mon sang que des recherches récentes montreraient que le sang des règles, riche en cellules souches, serait bon pour la santé ! Enfin, le boire n’est pas très utile, mais au moins cela prouve que les mythes qui ont la tête dure selon lesquels le sang des règles serait moins propre que celui du reste de l’organisme sont, tout bonnement, faux.
Comment faire ?
Toi et ton/ta/tes partenaires avez décidé de tenter un cunnilingus pendant les règles. Pour vous assurer une expérience optimale, la rédaction a quelques conseils.
La première condition pour effectuer n’importe quel acte sexuel est le consentement : il y a beaucoup de raisons de ne pas vouloir donner ou recevoir pendant les règles. Certaines personnes n’aiment tout simplement pas le sexe pendant qu’elles menstruent à cause d’un inconfort quelconque. De la même façon, certaines personnes sont gênées par l’idée du sang et préfèreront ne pas coucher avec quelqu’un·e qui a ses règles. Quelle que soit la raison du refus, elle est valable. Il est aussi important de se rappeler que le consentement peut être retiré à tout moment pendant l’acte sexuel ! Un bon moyen de s’assurer du consentement de sa·son partenaire est d’en discuter clairement avant l’acte : il est plus facile de dire non dans un contexte calme, et cela permet aussi d’être plus à l’aise avec la personne et de développer la confiance entre vous.
Si la personne qui donne n’est pas à l’aise avec l’idée d’entrer en contact avec du sang menstruel, ou simplement parce que vous voulez vous protéger, vous pouvez une digue dentaire. Difficilement trouvable en pharmacie, ce carré de latex enduit de lubrifiant d’un côté permettant de se protéger des MST pendant le sexe oral est très facilement fabriqué à partir d’un préservatif interne ou externe, ou d’un gant en latex. Pour les préservatifs, il suffit de découper le bout puis de le redécouper dans la longueur avec des ciseaux. A partir d’un gant, tu peux en découper les doigts et encore une fois le découper dans la longueur. Si vous n’estimez pas avoir pas besoin d’une digue dentaire, la personne recevant peut porter un tampon, une éponge ou une cup, cette dernière étant peut-être préférable car complètement inodore. En parlant de cup, saviez-vous qu’elle peut donner des sensations très intéressantes en contexte sexuel ? Tirer légèrement sur sa tige pour créer une succion – à éviter si vous portez un DIU -, passer son doigt sur les contours de la coupe, ou même contracter les muscles du vagin peut donner beaucoup de plaisir !
Si tout cela ne vous a pas convaincu, Nina, également rédactrice chez Cyclique, aimerait vous raconter sa première expérience d’un cunnilingus pendant ses règles.
“J’avais 19 ans, et j’étais proche d’un homme âgé de 35 ans. Je spécifie son âge car cela peut justifier le fait qu’il ai beaucoup d’expérience sexuelle, bien que je sois persuadée que ça ne fait pas tout. Me concernant, j’en avais moins, mais j’ai toujours été bien dans ma peau et à l’aise avec mon corps. J’avais déjà fait l’amour pendant mes règles, mais je n’avais jamais pratiqué le cunnilingus. Ce soir là, est sorti, on a bu, on a ri. Le contexte était super, détendu et joyeux. Je tiens à spécifier que nous avions un rapport de confiance et de respect, et beaucoup de complicité. Nous nous connaissions depuis un an mais il ne s’était jamais rien passé entre nous. J’avais mes règles, j’étais au milieu de ma période, je portais un tampon ce soir là. Nous allons chez lui et on finit par s’embrasser, se câliner. C’est là que je lui annonce que j’ai mes règles, et il me dit qu’il s’en fout, qu’il a super envie de moi et que ça n’a aucune importance. A l’aise et en confiance, nous partons pour faire des galipettes. Je n’imaginais pas qu’il allait me faire un cunni, mais dès que nous nous sommes déshabillé·e·s, il est descendu et, pour vous dire, c’était délicieux. J’aime cette histoire car je pense que c’est l’acte sexuel qui s’est fait le plus naturellement de toute ma vie, et d’une façon très impulsive. Ce moment reste parmi les meilleurs. Et pourtant, aujourd’hui en y pensant, je me dis que les “conditions typiques” n’étaient pas forcément réunies: les règles et le cunni.”
Bien sûr cet article n’est pas une injonction à essayer absolument le cunni pendant les règles, mais plutôt à rester curieuse·x et ouvert·e, car de bonnes expériences se cachent souvent dans les plus grands tabous !