
24 Fév Quels sont les traitements du SOPK ?
Illustré par Moule.
Tu es atteint.e du syndrome des ovaires polykystiques, ou tu penses en souffrir, et tu ne sais pas quels traitements s’offrent à toi ou ceux que l’on risque de te prescrire. Dans cet article, j’essaie de te dresser un panorama de ceux auxquels tu peux accéder dans la gynécologie moderne ou alternative.
Une chose à savoir avant de commencer : le SOPK est un syndrome, c’est-à-dire que ce n’est pas une maladie temporaire, mais que c’est comme ça que ton corps fonctionne. Un traitement ne pourra que cacher les symptômes. Si tu l’arrête, ils recommenceront.
L’androcur
Tu en as peut-être entendu parler car récemment, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a sorti un avertissement concernant ce produit : il serait responsable de l’apparition de méningiomes, c’est-à-dire des tumeurs bénignes dans le cerveau, chez plusieurs patient.e.s. En parlant d’effets secondaires, notre rédactrice Louna, qui en a pris pendant cinq ans, peut t’assurer l’existence d’un autre : la dépression. Les recommandations concernant la prescription de l’androcur sont encore très floues, mais si taon gynéco te le propose, on te conseille personnellement de lui faire bouffer son ordonnance.
L’androcur est un médicament qui fait baisser drastiquement la présence de testostérone dans ton corps. On l’utilise pour faire disparaître les symptômes dits “masculinisants” du SOPK, c’est-à-dire la perte de cheveux, l’acné, ou la pilosité abondante. C’est pour cela qu’on l’utilise beaucoup dans le traitement de substitution hormonal (THS) chez les personnes transféminines. Je ne m’y connais pas assez bien en THS et je ne suis pas concernée par le sujet, donc je ne me permettrais pas de remettre en question leur utilisation de ce médicament. Je préciserais simplement qu’il y a un autre traitement qui présente moins d’effets secondaires et qui fait aussi baisser le taux d’androgènes (hormones dites “masculinisantes”) dans le corps.
Les traitements oestroprogestatifs (pilules)
En combinaison avec l’androcur, les pilules oestroprogestatives (= contraceptives) sont utilisées afin de réguler le cycle et combattre certains symptômes du SOPK comme la perte de cheveux, l’acné, les poils. Elles vont également réguler tes règles, mais tu peux aussi choisir de ne pas les avoir en prenant une pilule en continu.
Il y a des pour et des contre aux pilules, des gens qui les détestent et des gens qui en ont besoin. Le fait est que si tu as envie de la prendre pour traiter tes symptômes et que tu n’as pas d’effets secondaires (bonjour la dépression), ou des effets secondaires que tu préfères à ton SOPK, alors c’est ton choix, et même si mamie/ta pote/le voisin à qui on a rien demandé t’en veulent de brader ton corps à l’industrie pharmacopornogrpahique, et ben nous on te soutient.
La spironolactone
C’est un diurétique (ça te fait beaucoup uriner) qui a pour effet de baisser le taux d’androgènes dans le corps. Vu que ces hormones sont responsables de l’apparition de pilosité et d’acné, la spironolactone est souvent prescrite en complément d’un contraceptif oral pour réduire ces effets chez la personne concernée.
Tu remarqueras que ces deux derniers traitements ont pour seul but de redonner à ton corps des normes plus féminines, notamment en faisant disparaître ces poils sur les bras ou sur les fesses que la médecine trouve si vilains. Tu peux choisir de vouloir t’en débarrasser, si ce n’est pas ce à quoi que tu veux que ton corps ressemble. Mais tu peux aussi choisir de refuser ces traitements.
La metformine
On parle beaucoup de dérèglements liés à la testostérone quand on parle de SOPK. Mais il faut savoir que ton syndrome cause aussi des excès d’insuline, l’hormone qui gère l’absorption du sucre dans ton corps. C’est pour cela que les personnes atteintes d’un SOPK sont plus à risque de développer du diabète dans leur vie.
C’est l’insuline qui, dans le cas du SOPK, va causer des prises de poids variables, et également des excès de testostérone. Aux États-unis, on prescrit beaucoup la metformine, un médicament couramment utilisé dans le traitement du diabète. En France, on le fait beaucoup moins naturellement, mais tu peux le demander. Il va rendre ton corps plus sensible à l’insuline, et baisser le taux de glucose dans le sang. Il y a aussi des chances qu’il diminue les symptômes liés à la forte présence de testostérone dans ton corps. Certaines personnes vont donc préférer le demander, plutôt que la pilule contraceptive.
Ne rien faire (ou faire autrement)
Comme je te l’expliquais au début de cet article, le SOPK est un syndrome, et pas une maladie. Il ne peut pas disparaître, c’est simplement la façon dont ton corps fonctionne. Cela peut signifier beaucoup de choses pour toi, dépendant de la relation que tu entretiens avec lui et de sa sévérité.
Tu peux vouloir éradiquer les symptômes parce que tu n’aimes pas ton corps quand il fonctionne comme ça, et c’est ton choix.
Tu peux en avoir rien à faire de ce que fait ton corps sous le SOPK, mais certains symptômes te pourrissent la vie (re-bonjour les épisodes dépressifs). Dans ce cas-là, tu peux tenter d’apprivoiser tes fluctuations hormonales avec des traitements naturopathiques type infusion de feuille de framboisier, ou autrement. Notre rédactrice Louna prend de la testostérone en injections pour contrer ses épisodes dépressifs, qu’elle lie à une chute dans son cycle hormonal. Elle t’en parlera bientôt dans un prochain article.
Tu peux aussi décider que ton corps fonctionne mieux quand on ne lui apporte pas de traitements, parce que les médicaments ne te réussissent pas, que les symptômes ne te pourrissent pas la vie, et que tu préfères faire sans. C’est aussi une solution et tu n’as pas à écouter les avis de qui que ce soit si tu ne le veux pas.
Prends soin de toi.