Les oublié·e·s des règles – PART. 1

Les oublié·e·s des règles – PART. 1

Illustré par Chiliconcacahuete.

Les personnes à la rue ou en situation de précarité ont aussi leur règles. Si il est difficile d’avoir des chiffres sur le nombre de personnes SDF, une étude relève que les personnes menstruées représenteraient 40% du nombre total. En plus d’elles, les personnes pauvres, celles vivant en hôtel social et les étudiant·e·s précaires doivent souvent choisir entre manger et acheter des protections périodiques. La précarité menstruelle est une réalité et il est urgent de mettre en place des actions pérennes pour y répondre.

Y a-t-il un privilège dans le confort menstruel ?

Quand on sait le prix que ça coûte, oui. Dépenser en moyenne 10€ par mois pour une boîte de tampons, un paquet de serviettes et une boite de doliprane n’est pas donné à tout le monde. C’est un fait : avoir ses règles coûte cher, en moyenne entre 4600 et 7000€ sur une vie.

Et nombreuses sont les personnes qui n’ont pas les moyens de s’acheter des protections. Pour celles-ci, c’est la double peine : en plus du tabou des règles, il y a la situation de vulnérabilité dans laquelle elles peuvent se trouver, sans savoir à qui s’adresser. Du papier journal, du papier toilette, des bouts de tissu remplacent souvent les protections périodiques. Et parfois, rien du tout. Sans parler des soins gynécologiques qui sont exceptionnels (sauf quand on a la chance de croiser un·e bénévole de l’association ADSF).

Pour les étudiant·e·s, il faut parfois choisir entre l’achat des livres, les frais de scolarité et les règles. En réponse à ce besoin, l’université de Lille a distribué en début d’année 30 000 kits menstruels. Cette opération a été initiée par la vice-présidente, Sandrine Rousseau, qui, bien consciente du problème, a décidé de briser le tabou au sein de son établissement. Un exemple à suivre. La LMDE (mutuelle étudiante) répond aussi à ce problème en proposant un remboursement annuel à hauteur de 30€ à ses adhérent·e·s, que tu sois concerné·e ou non par les règles. Où est-ce qu’on signe ?

Invisibilité et accessibilité

Les règles sont invisibilisées dans l’espace public, et les protections périodiques ne sont pas accessibles gratuitement. Contrairement aux préservatifs (externes, dits “masculins”) que l’on peut trouver à toute heure à l’extérieur de beaucoup de pharmacies, ou même dans le métro, en échange d’une pièce de 2€, aucun lieu à ce jour propose en accès libre des tampons ou des serviettes. Pourtant, les règles peuvent surgir et te surprendre à n’importe quel moment. A ce sujet, le message de la société est clair : “Débrouille toi”. La sécurité sociale proposera très prochainement de rembourser les préservatifs mais qu’en est-il des protections menstruelles ? Même les collectes organisées par les banques alimentaires oublient bien souvent de préciser que ce type de produits est le bienvenu. Alors, pensons-y !

Si les pouvoirs publics semblent assez peu s’intéresser au sujet, des associations prennent le problème à bras le corps. C’est le cas de Règles élémentaires, que tu as peut-être croisé à Sang Rancune ou sur les bord de Seine à Paris Plage l’été dernier en notre compagnie. Cette association a pour mission d’organiser des collectes pour les plus démuni·e·s. Tu peux déposer des tampons, serviettes, cups ou autres dans leurs boîtes à dons présentes dans les mairies (voir les points de collecte) et soutenir leurs actions via la plateforme HelloAsso. En 3 ans, iels ont identifié plusieurs milliers de personnes dans le besoin et ont récolté plus de 300 000 produits.

CYCLIQUE a décidé de s’engager auprès de Règles élémentaires et de créer des modules sous forme d’ateliers pour les personnes précaires afin de leur donner des moyens et des conseils sur les différentes protections périodiques auxquelles elles pourraient avoir recours. Ces ateliers verront le jour très prochainement. La solidarité menstruelle est une nécessité, militons ensemble pour plus d’équité menstruelle !

Fanny Godebarge