Le droit à l’avortement menacé partout

Le droit à l’avortement menacé partout

Illustration par About Evie.

Aujourd’hui, partout dans le monde, des politiques répressives tentent de réduire la liberté d’avorter, mettant en danger la vie de milliers de personnes. Car on sait que l’absence de droit à l’avortement ne réduit pas le nombre d’avortements, mais celui d’avortements réalisés dans des conditions sanitaires adéquates. Supprimer le droit à l’avortement, c’est augmenter le nombre de mort·e·s, c’est plonger des gens dans la précarité, c’est détruire des vies et des opportunités.

Ce qu’il se passe

  • Le 16 octobre, le parlement polonais a débattu deux lois concernant la santé sexuelle et reproductive, l’une interdisant le droit à l’avortement en cas de malformation fœtale grave, l’autre, produit de nombreuses associations anti-LGBT, rendant illégale l’éducation sexuelle avant 18 ans. Il se trouve que 96 % des avortements en Pologne, où il est quasiment impossible, se font en raison de malformations fœtales. Ces grossesses, si elles étaient menées à terme, se termineraient par la mort du bébé avant ou peu après la naissance, ce qui est extrêmement traumatique. Cela n’a pas l’air de faire peur aux député·e·s polonais.es, même si les discussions autour de ces deux lois ont été remises à plus tard, certainement grâce à la mobilisation nationale et internationale. Si elles étaient finalement adoptées, les seuls motifs légaux permettant un avortement seraient si la grossesse présente un danger pour la vie de la personne enceinte, ou si elle résulte d’un viol ou d’un inceste.

  • Lundi soir, Amy Coney Barrett a pris place au rôle de juge de la Cour Suprême des États-unis. Elle fait suite à Ruth Bader Ginsburg, qui y a siégé pendant près de 30 ans et a permis des avancées considérables pour les droits des femmes et des minorités. Amy Coney n’a malheureusement rien à voir avec sa prédécesseuse : elle s’oppose à l’accès à l’avortement, aux méthodes de contraception, et à la PMA (pas pour toustes, juste en général). Elle n’a également pas souhaité faire de commentaire sur l’autorisation du mariage pour toustes. Pour résumer, Mary Ziegler, autrice de Abortion and the Law in America et Rachel Rebouché, de la Temple University School of Law, ont écrit pour NBC News : “les ennemis de l’avortement ont déjà travaillé à redéfinir certains contraceptifs comme des pilules abortives. Avec Amy Coney Barrett à la cour, il n’y a aucune raison pour qu’ils arrêtent.” Sur les neufs juges à la Cour Suprême des États-unis, six sont républicain.e.s, ce qui ne laisse présager rien de bon pour les droits des femmes et des minorités.

  • Hôpitaux et plannings familiaux fermés, impossibilité pour les mineur.e.s coincé.e.s dans une famille pas compréhensive de sortir de chez elleux… On l’avait vu en mars, le confinement est en soi une menace à la liberté d’avorter, et aucune mesure n’a encore été prise afin de faire face à cette situation. Pour répondre à tes questions éventuelles, le numéro vert du planning familial (0 800 08 11 11) t’accueille tous les jours de semaine de 9h à 20h en France hexagonale, de 9h à 17h dans les Antilles et de 8h à 18h dans l’Océan Indien. Si tu n’as pas la possibilité d’appeler pour quelque raison que ce soit, envoie nous un message sur Instagram et on s’arrangera pour t’aider.  

Comment faire pour soutenir l’accès à l’avortement ? 

Il faut se souvenir que le droit à l’autonomie corporelle pour les femmes et les minorités de genre sera toujours remis en jeu, même dans un endroit où ce droit nous semble acquis comme en France, où il y a encore beaucoup à gagner – l’Ordre des Médecins s’est par exemple récemment opposé à la suppression de la clause de conscience qui permet à des médecins de refuser de pratiquer une IVG, alors que celle-ci est en discussion par les pouvoirs législatifs.  En sachant ça, il faut rester solidaire avec les personnes ayant besoin d’un avortement et celles qui en donnent. Tu peux commencer par faire un don au Planning Familial.

Il y a plusieurs fonds d’accès à l’avortement dans le monde. Aborcja Bez Granic est un réseau polonais, National Networks of Abortion Funds est un réseau Etats-unien, et SAAF un réseau qui agit dans 49 pays. Ils ont tous besoin de soutien.