Fausse-couche

Fausse-couche


Publié originellement en anglais et espagnol sur Pussypedia, écrit par Ash Harlan.

Les fausses-couches sont des phénomènes courants, pourtant on a du mal à en parler ouvertement, ce qui les font paraître plus rares qu’elles ne le sont vraiment.

Que se passe-t-il ?

Une fausse-couche correspond à l’interruption spontanée d’une grossesse avant la 20ème semaine1. Dans la plupart des cas, les symptômes incluent des saignements et/ou des crampes2, mais parfois une fausse-couche a lieu sans aucun symptôme, et elle n’est alors diagnostiquée que lors d’une visite médicale. Une fausse-couche est confirmée par échographie en absence de battements de coeur chez l’embryon. Des tests sanguins révélant un niveau bas ou décroissant de l’hormone chorionique gonadotrope humaine (hCG, de l’anglais) peuvent aussi déterminer une fausse-couche1.

La conception et la mise au monde de l’être humain est incroyablement complexe et implique un enchaînement presque parfait d’une série d’événements. Une fausse-couche qui a lieu lors du premier trimestre de grossesse (soit avant la 14ème semaine aménorrhée*) peut être le résultat d’une multitude de causes. Dans environ la moitié des cas, la fausse-couche résulte d’une anomalie chromosomique³ impliquant des problèmes lors de la séparation et de la recombinaison de l’ADN parental2. Certaines parties de l’ADN peuvent en quelque sorte « rater » la bonne accroche, disparaître, ou créer une copie d’elles-mêmes, en trop. Parfois les anomalies chromosomiques mènent vers une fausse-couche1,2, sans que les parents n’y soient pour rien. D’autres facteurs peuvent augmenter le risque de fausses-couches, comme par exemple l’âge de la personne enceinte (avant ou après 40 ans,2), ou encore le fait d’avoir des problèmes de la thyroïde, un diabète non surveillé, ou le fait de fumer et/ou de consommer de l’alcool1.

Une des nombreuses idées reçues (et fausses) sur la fausse-couche est qu’elle ne peut mener qu’à un sentiment de tristesse. Il faut pourtant prendre en compte qu’une fausse couche peut être vécue de nombreuses façons, selon les valeurs culturelles, la religion, le contexte familial, et les expériences personnelles de chacun·e. Être en deuil est normal. Organiser une cérémonie et donner un nom à l’enfant qui ne naîtra pas est normal. Ressentir du soulagement est normal. Vouloir recommencer une nouvelle grossesse rapidement est normal. Vouloir attendre ou ne pas vouloir tenter une nouvelle grossesse est normal. De plus, on doit comprendre qu’il n’y a pas de « bonne réaction », peu importe si la grossesse était initialement désirée, ou non, ou si au contraire un IVG avait déjà été prévue. En bref, l’éventail des émotions ressenties est vaste, et aucune réponse ou réaction ne doit être catégorisée comme illégitime ou incorrecte.

A quelle fréquence ont lieu les fausses-couches ?

Il est difficile de dire précisément à quelle fréquence ont lieu les fausses-couches puisqu’elles peuvent avoir lieu avant qu’une personne ne sache qu’elle est enceinte (c’est-à-dire avant la 6ème semaine de grossesse)1. Or, lors d’une grossesse déclarée, une fausse-couche a lieu dans 10 à 15% des cas, notamment avant la 13eme semaine de grossesse1,2.

Si la fausse-couche est fréquente, elle est rarement évoquée publiquement, ce qui donne le sentiment qu’elle est plus rare qu’elle ne l’est. Étant donné la fréquence connue de fausses-couches, il est en réalité probable que vous connaissiez quelqu’un·e qui en a déjà fait l’expérience. Comment, quand, et si – ou non – une personne choisit de parler de son/ses expériences est un choix personnel. Selon l’expérience de l’auteurice, le partage peut être thérapeutique, et ne devrait pas être découragé, si la personne concernée en fait le choix.

Comment puis-je prendre soin de ma chatte ?

Le personnel soignant conseille de faire appel à un·e professionnel·le si des saignements proviennent du vagin, ou si la personne ressent des crampes pelviennes (des crampes dans le bas ventre) pendant une grossesse. Tout saignement pendant une grossesse nécessite un contrôle rapide par un·e professionnel·le afin de prévenir le risque de grossesse ectopique (une grossesse qui se développe à l’extérieur de l’utérus) et afin de s’assurer de la bonne santé de l’embryon.

Après une fausse-couche, un·e professionnel·le déterminera s’il est nécessaire de faire des tests de la thyroïde ou bien encore de vérifier le niveau de progestérone chez la personne portant l’enfant. Notez que des tests complémentaires ne sont pas toujours nécessaires. On laissera ensuite le temps à celleux concerné·e·s de faire leur deuil si iels le souhaitent en vue d’une guérison émotionnelle. D’après les témoignages recueillis, certaines personnes retrouvent de la force et de nombreuses ressources utiles à travers des communautés de soutien en ligne, des groupes de personnes/partage/paroles, en parlant avec des ami·e·s et/ou de la famille qui ont eu peut être déjà fait l’expérience d’une fausse-couche, en suivant une thérapie, ou encore en organisant une fête/cérémonie/événement pour célébrer/accepter/admettre leur fausse-couche.

Si quelqu’un·e fait l’expérience d’une fausse-couche pour la première fois, il est probable qu’on ne lui parle pas des étapes à suivre pour éviter une nouvelle fausse-couche. Comme cet article l’explique, ce genre d’évènement n’est malheureusement pas rare. Par la suite, la plupart de ceux·celles qui ont fait l’expérience d’une fausse-couche voient leurs prochaines grossesses réussies2. Cependant si quelqu’un·e fait l’expérience de plusieurs fausses-couches, il sera important (et sans doute proposé par le personnel soignant) de faire des tests supplémentaires pour évaluer les causes sous-jacentes éventuelles 2.

 *[Les semaines aménorrhées correspondent aux semaines sans avoir eu ses règles, que l’on calcule à compter du 1er jour des dernières règles]

SOURCES

  1. American College of Nurse Midwives. “Share With Women: Miscarriage.” Journal of Midwifery and Women’s Health. 58(4). (2013): 479-80. <https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/jmwh.12084>.
  2. American College of Obstetricians and Gynecologists. “Frequently Asked Questions: Pregnancy: Early Pregnancy Loss.” (2015): <https://www.acog.org/Patients/FAQs/Early-Pregnancy-Loss#how>.
  3. “Chromosomal Abnormalities.” Genome.gov. Accessed 2019: <https://www.genome.gov/11508982/chromosome-abnormalities-fact-sheet/#al-5>.

Autres ressources :

Dédicace de l’auteurice: À tous ces adorables chéris perdus – nous vous aimons.